Le cœur plein à ras bord : le premier chapitre

Le cœur plein à ras bord : 1er chapitre

Envie de lire le début de mon roman ? Voici le premier chapitre !

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Année 0 : 2016

La veille de Noël sonnait le dernier délai pour les retardataires. Ce soir à tout prix, Olivia devait terminer ses emplettes au milieu d’une foule infernale et rentrer à temps afin de réveillonner en famille. Débarquée l’après-midi même via un TGV Paris-Bordeaux, elle était en quête d’un cadeau pour son père, à qui elle ne savait jamais trop quoi offrir. Les thermomètres publics affichaient 0 degré, la nuit avait enveloppé la ville et laissé place à la magie des guirlandes lumineuses. Les magasins n’allaient pas tarder à fermer. Plus le temps ni l’envie de réfléchir, le prochain serait le bon.

Arrivée au bout de la rue marchande, elle contempla un instant le superbe sapin lumineux qui la bordait puis s’engouffra chez Pierrot, une des enseignes incontournables de la mode masculine depuis quinze ans. Dans le magasin, c’était l’effervescence. Tout le monde cherchait fébrilement de la sape pour rhabiller son mec, son père, son amant, son arrière-grand-père, ou allez savoir qui d’autre, en guise de cadeau de Noël. Visiblement, il faudrait se battre pour atteindre le rayon chemises. 

— Bonjour, miss Olivia, quelle coïncidence ! lança dans son dos une voix masculine et joviale qui ne lui était pas inconnue. Elle se retourna et son visage s’illumina de surprise. 

— Oh James, c’est fou, ça ! Salut !

Toujours aussi charmant, James se tenait devant elle, souriant et plutôt endimanché. Ils se donnèrent une franche accolade. Prise au dépourvu par cette rencontre, elle porta instinctivement sa main à ses cheveux pour vérifier qu’ils n’étaient pas en train de faire la fête dans tous les sens, avant de se souvenir qu’elle avait heureusement mis un bonnet. 

— Laisse-moi deviner, dit James, l’index posé sur son menton. Tu fais partie des gens qui sont à la bourre pour les cadeaux. 

— C’est tout à fait ça, sinon je me serais pas emmerdée à faire du shopping un 24 décembre à 18 heures. 

— Tu m’étonnes. 

— Ça fait un bail, toi. Qu’est-ce que tu fais ici ? 

— Je travaille, je suis vendeur ici. Enfin, un peu plus que vendeur, je suis le directeur adjoint de ce magasin. 

— Waouh ! C’est cool ! 

— Et toi, tu vis toujours à Paris ?

— Oui, on peut dire que je suis en train de devenir une vraie Parisienne. Je suis venue passer Noël en famille, comme d’habitude. 

James esquissa un sourire en coin. 

— T’es devenue une Parisienne aigrie qui tire la tronche dans le métro, c’est ça ? 

— Ouais, c’est à peu près ça. En même temps, tu trouves pas que c’est un peu débile, ce reproche qu’on fait aux Parisiens ? Parce que finalement, qui sourit tout seul comme un con sans raison dans le métro, à part les fous ? 

Olivia rit de sa réflexion à deux balles, James la suivit. 

— Sacrée Olivia, t’as pas changé. Ça fait plaisir de te revoir, ça tombe un peu comme un cadeau de Noël, là.

— Oh, c’est mignon, répondit-elle en minaudant. 

— Sinon, qu’est-ce que tu fais de beau à Paris, si loin de moi ?

— Ce qui est marrant, c’est que je suis vendeuse aussi. Toi, tu vends des chemises. Moi, je vends des voyages, tu vois. Je suis agente de voyages. 

— Ah donc ça y est, tu bosses dans le tourisme ! C’est vrai que les voyages, c’est ton truc. Je suis content pour toi. 

Les gens affluaient en masse chez Pierrot, et Olivia voyait bien que ce serait compliqué de tenir une conversation de salon de thé dans ces circonstances. 

— Bon, je vais pas traîner. Je déteste les magasins le 24 décembre, souffla-t-elle en grimaçant. Faut que je chope le cadeau de mon daron là. Tu peux peut-être m’aider ? 

— Avec plaisir. Qu’est-ce qu’il te faut ?

— C’est pas très original, mais je crois que je vais lui prendre une chemise. J’aimerais bien me décider rapidement. Je viens de me farcir toute la rue Sainte-Catherine de long en large et j’ai failli mourir étouffée douze fois.

— Je suis heureux que tu sois arrivée à moi en vie, ça aurait été dommage. Viens, on va te trouver ça.

Olivia suivit James qui leur fraya un passage dans les rayons vers les chemises, en s’excusant à plusieurs reprises auprès des clients. Elle en profita pour mater son fessier, moulé dans un pantalon de costume noir. Pour le haut, il avait revêtu une chemise violette et sorti la cravate. Hormis les chaussures en cuir, sa tenue semblait tout droit sortie de chez Pierrot. L’ensemble le rendait drôlement élégant et sexy. 

Sur ses recommandations, Olivia opta pour une chemise bleu marine à carreaux en taille L. Un classique, mais une valeur sûre. Son père adorait les chemises à carreaux, qui seyaient bien à sa petite cinquantaine bedonnante.

— Au fait, il est rigolo ton pull, remarqua James en pointant le menton vers la poitrine d’Olivia, l’air amusé.

Elle baissa les yeux sur le vêtement en question et pouffa de rire. Sous son manteau noir en laine classe, elle avait osé un pull de Noël fantaisiste, affublé d’un bonhomme de neige rieur et d’un pompon rouge. 

— Ah oui. C’est un petit délire de Noël, quoi, expliqua-t-elle. 

— Je vois, c’est mignon comme tout. Bon, c’est ma collègue qui va t’encaisser. Je peux pas te faire une réduction, désolé. Mais comme il y a du monde, je vais te faire passer en priorité. 

— Sérieux ? C’est trop sympa, j’en demande pas tant.

— Viens avec moi.

Il la conduisit jusqu’aux caisses, devant lesquelles une bonne quinzaine de personnes attendaient leur tour. Sans gêne, il s’exclama :

— Excusez-moi messieurs dames, cette jeune femme est enceinte ! Laissez-la passer, s’il vous plaît. Merci, vous êtes fort aimables, messieurs dames ! 

Olivia, un peu gênée, réprima une envie de rire. 

— Content de t’avoir revue, conclut-il en lui effleurant la taille de la main.

— Pareil. Joyeux Noël, James. 

— Joyeux Noël, Olivia. T’as toujours mon numéro ? 

— Oui. 

— Il a pas changé, alors n’hésite pas. Ça me ferait plaisir qu’on prenne un verre. 

— OK, ça marche. 

Une fois son achat effectué, elle le chercha des yeux. Il était là, planté entre les slips et les pulls, comme indifférent à sa flopée de clients, en train de la regarder. Elle lui sourit et lui adressa un coucou de la main qu’il lui rendit, puis sortit du magasin. 

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